Souvenirs, Souvenirs... de nos Trois Ecoles.

Dans les années 1935-1950, le village comptait encore beaucoup d'enfants et les communes voisines nous aidaient bien à remplir nos trois écoles!

Saint Clément nous envoyait des enfants du Rinson et presque tous ceux d'Orcelas. Chanéac: ce sont ceux de Limis, du Mouneyron, des Granges, du Pont des Lièvres, des Mouriers et de Marsal. Pour Saint Julien Boutières, il s'agit des enfants du Clôt.

Les filles allaient, comme on disait, "chez les Soeurs"; c'était l'école libre où elles étaient environ une bonne quarantaine. C'est la soeur cuisinière qui apprenait à lire et à compter aux plus petites. La directrice quant à elle s'occupait des grandes jusqu'au certificat d'étude.La cours était trop petite, les aînées jouaient dans le chemin.

Les scolaires venant des hameaux éloignés apportaient leur "casse-croute" et soupe, que la soeur faisait chauffer pour midi. Certains pouvaient aller chez l'habitant.

Les garçons étaient scolarisés au sein de deux écoles avec des institutrices laïques. Chaque école comptait entre vingt et vingt cinq élèves.

Pour les petites sections, l'apprentissage du calcul se faisait avec l'ancienne méthode des paquets, des buchettes et des élastiques!

Bien sure le petit poêle à bois et charbon était au milieu de la classe avec son long tuyau. Les cartes occupaient tout un pan de mur.

La cour et son préau, en contrebas de la route et au dessus de la cour des grands, étaient témoins de juex simples:  "rissou", "La pomme et la poire" et bien évidemment les billes qui se jouaient de deux façons différentes: "au pot " ou " au carré " qui était en fait un triangle !

Un événement a marqué la mémoire de nos aînés, lorsqu’en 1940 – 41, Pétain avait décrété que les écoles, au moins celles laïques, devaient hisser et descendre, chaque jour, le drapeau sur un mat hérissé au sein de la cour. Nos rapporteurs ne se  rappellent pas s’ils l’ont fait très longtemps !

Nous voici chez les grands ! C’était avec une certaine appréhension que l’on franchissait la porte de la grande classe après le claquement des mains des institutrices et la mise en rang en silence. Ce qui frappait en rentrant dans la classe, était le portrait de Jules Ferry avec sa grande barbe, positionné sur le devant de l’horloge. Le bureau de la maîtresse était sur une estrade au pied duquel trônait un bureau pour un élève « qu’elle devait avoir à l’œil ». L’hiver, l’effectif était au complet compte tenu que les grands qui aidaient leur famille dans les fermes à la bonne saison, revenaient en classe lors de la saison froide ; la maîtresse les secouait parfois et bien malheureusement en vain !

Dès la rentrée du matin et après quelques courtes leçons de morale, c’était la dictée et ce, à hauteur de deux fois par semaine suivie de son lot de questions. Pas plus de cinq fautes ! sinon il fallait la recopier et l’apprendre par cœur. Pour cet exercice, la maîtresse était très sévère et utilisait une méthode « étonnante » et pas toujours exacte lorsqu’elle ne cessait de répéter :

-          « j’entends [s] j’en mets deux » !

Le meilleur moment de la semaine étant quand les samedis avec la récréation du soir, la maîtresse nous faisant la lecture de Jacquou le Croquant, la Guerre du feu, les Misérables, les Trois Mousquetaires, etc. Pendant les années 1943-44, nous avons accueilli en classe deux enfants juifs, Robert et Dario, dont les parents se cachaient au village.

C’était une éducation très stricte et cette « Dame », Mme Bonnet,  pouvait être fière de n’avoir eu aucun échec au certificat d’études. La grande majorité de ses élèves en garde un très bon souvenir !

Henri Faure et Paul Chareyre

A suivre... photos à venir.